#12 - Quantique, nucléaire et Newspace
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Bienvenue dans cette édition #12 de l’actu des start-ups industrielles, hardware et deeptech !
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ExtraJool : Transformer la chaleur perdue en électricité pour une industrie plus verte
ExtraJool s'inscrit dans un modèle économique vertueux en récupérant la chaleur fatale, un déchet industriel souvent négligé, pour la transformer en énergie réutilisable. Cette approche permet aux industries de réduire leur empreinte carbone tout en diminuant significativement leur facture énergétique.
Une technologie de pointe basée sur le cycle Ericsson
Au cœur de l'innovation d'ExtraJool se trouve une technologie brevetée basée sur le cycle Ericsson, spécifiquement conçu pour des plages de température de 180 à 500°C. Ce cycle thermodynamique, couplé aux innovations de la startup, offre une efficacité bien supérieure aux technologies de récupération de chaleur classiques. Les performances atteintes sur banc d'essai confirment l'efficacité exceptionnelle de cette solution.
Une approche adaptée aux besoins industriels
ExtraJool s'est positionnée sur le segment des applications industrielles de faible puissance et de températures intermédiaires, un créneau souvent négligé. Contrairement aux technologies existantes, souvent coûteuses et complexes, conçues pour des températures très élevées (+ de 500°C), ExtraJool propose des solutions accessibles et adaptées aux besoins des industries de moindre puissance, comme l'agroalimentaire ou les petits moteurs industriels.
Un impact significatif sur la transition énergétique
L'industrie perd environ 20% de l'énergie qu'elle consomme dans les fumées rejetées dans l'atmosphère. En France, cela équivaut à la production annuelle de 12 centrales nucléaires (110TWh), tandis qu'en Europe, cette chaleur inexploitée représente un manque à gagner de 15 milliards d'euros par an. La technologie d'ExtraJool s'attaque directement à ce problème en transformant cette chaleur perdue en électricité propre.
Une innovation prometteuse pour l'avenir
Grâce à sa récente levée de fonds d'1 million d'euros, ExtraJool va pouvoir finaliser la construction d'un prototype à taille réelle, installer un atelier de production à côté de Bordeaux et déployer son équipe commerciale. Ces initiatives stratégiques permettront à l'entreprise de valider les performances de son système et d'accélérer son entrée sur le marché, contribuant ainsi à promouvoir la circularité des procédés industriels et à soutenir la transition énergétique en Europe.
La french tech Bordeaux, Génération Prépa
Alice & Bob lève 100M€ pour révolutionner l’informatique quantique
La startup française annonce une série B de 100M€, portant son financement total à 127M€ depuis 2022. Menée par Future French Champions et Bpifrance, cette levée positionne Alice & Bob parmi les leaders européens du quantique.
Une technologie quantique prometteuse
Fondée en 2020, la société utilise des qubits de chat de Schrödinger, une approche novatrice réduisant drastiquement le nombre de qubits nécessaires. « Là où les méthodes classiques exigent des millions de qubits, nous visons quelques milliers », explique Théau Peronnin, CEO. Cette technologie permet de corriger les erreurs quantiques intrinsèques, un défi majeur du secteur.
Objectifs et déploiement
50M€ seront investis dans un laboratoire et une usine de production dédiés. Le reste servira à doubler les effectifs (actuellement 100 collaborateurs) et développer le premier qubit logique sans erreur d’ici 2026. Un enjeu clé pour des applications concrètes en chimie moléculaire et cybersécurité.
L’écosystème français en pleine effervescence
Alice & Bob rejoint Pasqal (100M€ levés en 2023) et Quandela (livraison du premier ordinateur quantique à OVHcloud) dans le peloton de tête tricolore. Preuve du dynamisme hexagonal : 3 des 10 startups quantiques européennes les plus financées sont françaises.
Aisprid lève 10 millions d'euros pour robotiser la culture de tomates sous serre
La startup bretonne Aisprid, pionnière de la robotique agricole intelligente, vient de réaliser une levée de fonds de 10 millions d'euros pour accélérer le développement de ses robots d'effeuillage autonomes pour la culture de tomates sous serre. Cette innovation répond à des défis majeurs du secteur agricole : la pénurie de main-d'œuvre et la nécessité d'une agriculture plus durable.
Une technologie de pointe au service de l'agriculture
Fondée en 2020 à Saint-Malo, Aisprid a développé un robot breveté combinant intelligence artificielle et robotique de précision. Ce robot autonome est capable d'analyser les plants de tomates et d'effectuer l'effeuillage avec une grande précision, même la nuit. En 2024, l'entreprise a déjà déployé 30 robots auprès des cinq principales coopératives françaises de tomates, couvrant 70% du marché national des serres.
Des ambitions à la hauteur du financement
Grâce à cette levée de fonds, Aisprid prévoit de :
Développer une nouvelle génération de robots encore plus performants
Augmenter sa capacité de production
S'installer dans de nouveaux locaux courant 2025
Accélérer son expansion à l'international
Un impact positif sur le secteur agricole
Les robots d'Aisprid permettent non seulement d'optimiser la productivité, mais aussi d'améliorer les conditions de travail des agriculteurs en réduisant la pénibilité des tâches. De plus, cette technologie contribue à une agriculture plus durable en optimisant l'utilisation des ressources.
Hexana lève 25 M€ pour révolutionner le nucléaire avec ses SMR innovants
La startup française Hexana, basée à Aix-en-Provence, vient d'annoncer une levée de fonds de 25 millions d'euros pour accélérer le développement de ses petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Ce financement combine une levée de 15 millions d'euros auprès d'investisseurs privés et une subvention de 10 millions d'euros accordée par Bpi France dans le cadre de l'appel à projets France 2030.
Une technologie de pointe pour un nucléaire durable
Hexana développe une plateforme énergétique innovante composée de réacteurs modulaires à neutrons rapides refroidis au sodium (RNR Sodium). Cette technologie, qui s'appuie sur l'expérience des projets Phénix, Superphénix et Astrid, vise à fournir de la chaleur à haute température et de l'électricité décarbonée, flexible et compétitive. La solution d'Hexana intègre également un système de stockage thermique, permettant une production adaptable aux variations des besoins énergétiques.
Des ambitions à long terme
Grâce à ce financement, Hexana pourra franchir des étapes cruciales, notamment la phase de conception initiale du projet et le dépôt du dossier d'options sûreté auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire. L'entreprise vise une mise sur le marché de son produit à l'horizon 2035. Cette levée de fonds renforce la position d'Hexana dans la course mondiale au développement des SMR, un domaine où la concurrence s'intensifie, notamment avec des acteurs américains comme Terra Power.
Un projet aligné sur les enjeux énergétiques actuels
Le projet d'Hexana s'inscrit parfaitement dans le contexte de la relance du nucléaire en France et répond aux défis de décarbonation et d'indépendance énergétique. En optimisant le recyclage de ressources abondantes en Europe, Hexana contribue à renforcer la souveraineté énergétique tout en proposant une solution durable pour l'industrie et la production d'électricité.
Dans le même thème, je vous partage également un article intéressant de TechCrunch sur la start-up US Helion avec une levée de 425M$… On est sur de la fusion nucléaire pour couvrir les besoins énergétiques de Microsoft. Encore un domaine où les US sont en bonne voie pour tout casser ! Inspirant. A elle seule, la tech est en train de driver tout le secteur énergétique.
Keey Aerogel révolutionne l’isolation thermique avec son aérogel vert
La startup alsacienne vient de boucler une Série A de 18 M€, soutenue par Bpifrance (Fonds SPI 2), WIND et Capital Grand Est. Objectif : industrialiser son aérogel écologique et atteindre 10 000 m³ de production annuelle d’ici 2030, contre 6 000 m³ prévus en 2025.
Une technologie circulaire brevetée
Après 9 ans de R&D et 3 brevets, Keey transforme des déchets de construction en silice, combinée à du CO₂ et de l’éthanol recyclés en circuit fermé. Résultat : le seul aérogel au monde à bilan carbone négatif, 6 fois plus performant que les isolants traditionnels.
Déploiement industriel et nouveaux marchés
Avec son usine pilote alsacienne (2022), la société fournit déjà des géants européens du BTP. Les 18 M€ financeront :
Un second site de production en 2025
Un réseau d’usines locales près des clients pour limiter le transport
Le doublement des effectifs (24 employés)
L’aérogel, couteau suisse de la transition énergétique
Outre l’isolation des bâtiments, Keey vise les batteries de véhicules électriques (prévention des incendies) et l’aérospatial. Une version améliorée pour la cryogénie est en développement.
L'ascension des nouveaux acteurs du NewSpace
J’avais envie de vous partager cette semaine une vidéo ultra intéressante de la chaîne Youtube Underscore. C’est une interview des fondateurs de la start-up HyPrSpace, ils reviennent notamment sur l’impact de SpaceX dans ce secteur, des algos utilisés pour les lanceurs réutilisables et de la propulsion hybride. Passionnant. Pour ceux qui n’ont pas 30min de dispo pour la regarder, je vous fais une synthèse ci-dessous.
L'industrie spatiale, longtemps dominée par les agences gouvernementales, s’est bien faite bousculée ces 10 dernières années par SpaceX et ses approches innovantes sur le développement des fusées.
La méthode d'innovation de SpaceX
Contrairement aux méthodes traditionnelles qui privilégient une planification méticuleuse et des tests exhaustifs avant le lancement, SpaceX adopte une approche "test and learn". Cette méthode consiste à tester rapidement de nouvelles idées, à accepter les échecs comme des opportunités d'apprentissage et à itérer continuellement pour améliorer les performances. Cette agilité permet de réduire les coûts et les délais de développement. Petite nuance tout de même sur l’aspect “coût”. Elon s’est quand même retrouvé dos au mur sur un essai de Falcon 1, c’était sa dernière chance car il avait fait tapis sur ce dernier essai. Mais c’est passé 🙂
Le test & learn dans le hardware est un gros sujet que peu d’entreprises appliquent correctement aujourd’hui. Cela fera certainement l’objet d’un article prochainement !
La réutilisation des fusées
Un autre élément clé de l'approche de SpaceX est la réutilisation des fusées. Historiquement, les fusées étaient détruites après chaque lancement, ce qui rendait l'accès à l'espace coûteux. SpaceX a réussi à faire atterrir ses fusées, permettant leur réutilisation et réduisant considérablement les coûts. Niveau business, il faut rendre à César ce qui est à César, Musk a quand même fait fort. En attendant que le marché soit prêt, il a créé sa propre demande en créant Starlink, une constellation de milliers de satellites, qui devient son propre client et lui assure une demande constante pour ses lancements. Plus de cash et plus de moyens pour développer des lanceurs encore plus innovants (Cf Starship)
Les conséquences de l'arrivée de SpaceX
L'émergence de SpaceX a eu un impact significatif sur l'industrie spatiale. Elle a forcé les agences spatiales traditionnelles, comme la NASA, à revoir leur business model. La NASA sous-traite désormais une partie de ses missions à des entreprises privées pour réduire les coûts et se concentrer sur des projets plus scientifiques. Cela a ouvert la voie à de nouveaux acteurs, y compris des petites entreprises et des startups, qui sont désormais en mesure d'accéder à l'espace à moindre coût.
La technologie derrière l'atterrissage
L'atterrissage d'une fusée est un défi technique majeur. Il nécessite un contrôle précis de la vitesse, de l'altitude et de l'orientation de la fusée. Les algorithmes de guidage, de navigation et de contrôle (GNC) jouent un rôle essentiel dans ce processus. Un algorithme particulier, appelé gfold, est utilisé par SpaceX pour optimiser les trajectoires de vol et minimiser la consommation de carburant. Cet algorithme, initialement développé par la NASA, a été adapté par SpaceX pour ses propres besoins.
Hyperspace : un nouvel acteur français
Hyperspace, suit une approche similaire, en développant des lanceurs avec une technologie de propulsion hybride. Leur approche se base sur des méthodes de développement agiles, avec des tests réguliers et une innovation dans l'architecture du moteur. Hyperspace a conçu un moteur de fusée avec une chambre de combustion toroïdale, qui permet de lever les limitations techniques du moteur à propulsion hybride. Cette technologie promet de réduire les coûts et d'améliorer l'efficacité des lanceurs. L'entreprise prévoit un premier vol suborbital en 2026 et un vol orbital en 2027.
Et voilà c’est tout pour cette semaine !
Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à laisser un commentaire ou un message sur LinkedIn.
Pierre-Baptiste